Tim Jackson, Professeur de Développement Durable à l'Université de Surrey en Grande-Bretagne, démontre brillamment la nécessité d'une prospérité sans croissance. Voici un extrait, traduit de l'anglais, d’un article du n°1 du magazine Making it de l’UNIDO, daté de 2009 mais toujours d'actualité, avec mes commentaires.
Les nations les plus pauvres ont un besoin urgent de développement économique, mais les contraintes d'une planète limitée en ressources soulèvent la question de la pérennité du développement économique continu des pays riches. La crise bancaire de l'année 2008 (et la crise de la dette des Etats de 2011) nous confronte à notre incapacité de maintenir la viabilité financière de l'économie mondiale. L'écologie devient, elle, en ces temps de crise encore moins prioritaire.
Le premier aspect du problème posé par la croissance est que s’en passer est inacceptable pour toutes sortes de raisons. La raison la plus importante est l'importance donnée à la productivité du travail. La décroissance est apparemment insoutenable de ce point de vue. La prospérité économique est associée au gain de productivité, c'est-à-dire produire plus avec moins de main-d’œuvre, d'où le besoin de croissance pour pouvoir continuer à fournir du travail à la population.
Le deuxième aspect est qu'il n'existe pas encore de scénario crédible, socialement juste et écologiquement tenable d’une croissance continue dans un monde de 9 milliards d'individus, attendu d'ici la fin du siècle.
Troisième aspect, notre système économique moderne fonctionne sur le double principe que pour réussir une entreprise doit innover afin de séduire les consommateurs et que cette réussite est complétée parfaitement par le désir sans fin de consommation des consommateurs. En conséquence, la survie de notre économie dépend de la croissance de la consommation. « La cage de fer du consumérisme est un système dans lequel personne n'est libre ».
Dans ce contexte les gouvernements font face au dilemme, d'une part de devoir sécuriser l'avenir de leurs citoyens sur les plans sociaux et écologiques, d'autre part d'assurer une stabilité macro-économique. Tant que la stabilité macro-économique dépendra de la croissance économique, les gouvernements devront inciter au matérialisme et à l'individualisme nécessaires à la croissance du commerce, à l'opposé des valeurs humaines qu’ils devraient encourager comme l'humanisme et le partage.
En conclusion, dit Tim Jackson, pour les économies avancées la prospérité sans croissance n’est plus un rêve utopique. C'est une nécessité financière et écologique.
Pour connaître la suite, c'est-à-dire les solutions qu'il préconise, lire la note "Comment développer une société humaine prospère et sans croissance ?". Voir aussi les notes des rubriques Sauvons la planète ! et Projets de préservation de l'environnement.
Didier - Citoyen du Monde
Dessin de Chris Madden
En voilà de bonnes idées! j'ai l'impression que tu rejoins certaines de mes convictions et propositions que défendent depuis plusieurs années certains groupes de réflexion comme Attac : http://www.france.attac.org/Attacpedia/cologie-et-soci-t.
Pour nourir le débat, à découvrir, le Blog de Paul Jorion, un fin analyste qui fait beaucoup parler de lui et qui depuis 2008 ne s'est pas trompé sur ses prévisions économiques... Il annonce la fin inexorable de notre système économique et financier et s'interroge sur le nouveau modèle à construire...
http://www.pauljorion.com/blog/
Bonnes fêtes de fin d'année, quelle soit l'occasion de consommer raisonné et local !
Gilles.
Rédigé par : Gilles | 23/12/2011 à 22:21