Cette note fait le bilan de l’année écoulée, en partant de ma vision de l’année 2015, et donne ma vision de l’année 2016.
Systèmes politiques occidentaux en fin de vie
Comme annoncé en Janvier dernier, le paysage politique français sort de 2015 caractérisé par un rejet encore plus marqué de son système de représentation. Sa division en 3 familles politiques de tailles assez égales et inconciliables symbolise l’impasse dans laquelle s’enfonce notre démocratie : la plupart des « sympathisants de gauche » sont déçus par leurs élus, la plupart des « électeurs du centre et de la droite » ne croient plus en leurs représentants et le reste des votants donnent leurs voies à un parti expert en marketing politique, juste apte à ratisser les voies des déçus, mais au programme irréaliste et dangereux.
Il est intéressant de noter que l’Espagne subit le même type d’impasse politique depuis ses dernières élections. La Grande Bretagne voit lui son bipartisme historique remis en cause. Dans ces 3 pays, progressent le rejet du pouvoir central, les désirs d’autonomie et même dans certains cas d’indépendance de régions ou de nations : Bretagne (rejet de la taxe carbone), Corse (prise du pouvoir par les régionalistes), Catalogne, Pays Basque, Galicie, Ecosse. Aux Etats Unis, la domination de la campagne présidentielle par Trump et d’autres candidats non conventionnels est un signe de remise en cause là aussi du système politique traditionnel.
2016 devrait voir s’affirmer ces tendances de rejet de nos systèmes démocratiques, de repli identitaire, de populisme et de quêtes de solutions sans issue viable. Par contre, des mouvements porteurs de changements plus profonds et plus globaux tels que présentés dans Planétisme, continueront à progresser mais resteront encore insuffisamment puissants et coordonnés et toujours peu visibles dans les médias.
En 2016, l’économie s’humanise
Mon hypothèse « une crise financière, peut-être bien » ne s’est pas vérifiée en 2015 mais, comme annoncé, l’économie est évidemment toujours dominée par la recherche de gains financiers, la consommation au-delà du raisonnable et est insuffisamment pourvoyeuse d’emplois. Toutefois, j’ai observé un mouvement porteur d’espoir dans le domaine des organisations : les notions d’entreprise libérée et de recherche du bonheur au travail. Voir pour cela www.mom21.org et en anglais Reinventing organizations. Leur principe permet de rééquilibrer les organisations et leur environnement, et donc la société et l’économie, au profit de l’humain et au dépend de la recherche de profit financier et de pouvoir personnel. Et si une crise financière, toujours possible compte tenu de la folie de certains et la non maîtrise du système capitaliste, survient en 2016, des organisations basées sur ce modèle seront plus aptes à amortir le choc.
Il y aura des faux pas, il y aura des tentatives de récupération par le système capitaliste, mais 2016 va voir la progression de ce nouveau type de management, aidée par le besoin des actionnaires et dirigeants de tout type d’organisation de mieux impliquer leur personnel, par l’attrait du plaisir au travail pour ces derniers et par le besoin d’intégrer les nouvelles générations qui, plus que leurs ainées, ont soif d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle et sont en quête de sens … Pour ma part, je vais continuer à agir en 2016 dans cette voie.
Un monde géopolitique entre dangerosité et espoir
Malheureusement ma vision « Le monde sera en 2015 encore plus imprévisible, dangereux, interconnecté » s’est concrétisée par des attentats plus nombreux, innovateurs et sanglants, par la progression du cyber terrorisme, par la désintégration grandissante d’Etats en Asie Centrale, au Moyen Orient et en Afrique, par une vague énorme de migrants fuyant ces pays et par l’expression du nationalisme russe, en Ukraine en particulier.
2016 sera dans la continuité de 2015. En particulier, la puissance de la coalition anti-Daesh détruira et tuera beaucoup, au-delà du nécessaire et Daesh répliquera encore longtemps. Mais des mouvements plus pacifiques agissent à la source, dans les quartiers où naissent les futurs terroristes, dans les prisons où ils sont récupérés, sur le web où ils sont éduqués. Partout les forces du bien réagissent, s’organisent et s’adaptent pour éradiquer les sources du mal et préparer un futur plus pacifique. Cela restera mineur mais se renforcera en 2016.
La vague de migrants va continuer à déferler vers l'Occident et à le confronter à des questions fondamentales concernant les notions de fermeture des frontières et d'accueil, d'égoïsme et de générosité, de xénophobie et de coopération, de haine et d'amour ...
Révolution de la gouvernance mondiale en marche
Ce blog annonçait début 2015 « La COP 21 sera un échec de plus ». Suite à cet évènement, les médias ont loué l’exploit diplomatique du meilleur compromis possible, Nicolas Hulot a conclu « Avec cet accord, nous renouons avec l’espoir » … Qu’en est-il vraiment ?
Travaillant actuellement dans le secteur de l’énergie je me suis rendu à la COP 21, au salon professionnel des solutions au Bourget. Les plus grands stands étaient ceux de compagnies pétrolières et d’Etats du Moyen Orient qui cherchaient à y démontrer leur rôle bénéfique pour la préservation de l’environnement. Pendant ce temps, à quelques centaines de mètres de là, les représentants de ces pays cherchaient à limiter la portée de l’accord sur le climat, par exemple en cherchant à bloquer la mention de l’objectif à 1,5° (voir article à ce sujet), objectif mettant en danger leur économie, mais vital pour certains pays insulaires. Ceci est une illustration de l’aberration du principe de ces négociations d’accord à l’unanimité et menées par des représentants d’Etats aux motivations divergentes et qui ont débouché sur une déclaration d’intention trop tardive, ambitieuse mais non contraignante.
Cette grande messe a donné l’impression que la lutte contre le réchauffement climatique et plus largement la préservation de l’environnement gagnaient en importance au niveau des gouvernements, des personnes et des entreprises. Mais je constate dans mon secteur actuel de l’énergie, que pour beaucoup de personnes clés, la COP 21 est un non évènement et les retombées attendues non significatives et que leur priorité reste de continuer à produire de l’énergie comme si rien ne s’était passé.
Donc, la COP 21 a bien été un échec, mais un échec relatif. Grâce à cet évènement, l’humanité a progressé dans la prise de conscience du danger que représente l’homme pour le maintien de son éco-système. De plus, les personnes engagées à changer les choses se sont rapprochées et organisées et sont maintenant je pense plus nombreuses. Le grave manque de gouvernance mondiale efficace a encore été démontré et a motivé certains à y remédier, voir le Serment de Paris.
La révolution de la gouvernance mondiale est en marche, va progresser en 2016, mais devrait être elle aussi peu visible dans les principaux médias. A moins qu’une catastrophe naturelle ou un autre évènement majeur soulignant encore la gravité de l’insuffisance de gouvernance mondiale change la donne.
Une nouvelle société en préparation
« 2015 sera marqué par des grands moments de fusion collective et jouissante … d’un autre genre ». En effet, j’en ai vécu plusieurs, dont : la « Naissance d’une monnaie locale », la conférence sur la « Méditation en entreprise », « Les 24h de méditation pour la Terre » et la première du film « Demain ». Il y en a eu bien d’autres, comme ceux en marge de la COP 21. C’était bien des grands moments de fusion collective et jouissante d’un autre genre, regroupant des centaines de personnes en France et, dans certains cas, connectés par Internet à de nombreux autres dans le monde. C’était la démonstration que de plus en plus d’êtres humains se regroupent, mettent en œuvre des moyens innovants et agissent pour changer le monde en bien et avec un esprit ouvert.
Toutefois ces évènements ne sont encore que des lueurs d’espoir, sans grand impact sur la marche du monde. La monnaie locale est loin d’avoir révolutionner l’économie, la méditation est quasi inexistante en entreprise en France, les 24h de méditation n’ont pas réconcilié les intérêts divergents des Etats durant la COP 21 et le film Demain est déjà déprogrammé des salles de ma ville pour laisser place à Star Wars ... !
En 2016, les contextes politique, géopolitique et économique décrits plus haut pousseront les organisateurs de ces mouvements et leurs participants à renouveler de dynamisme et d’inventivité pour gagner en audience et en influence. Certains y parviendront, le nombre d’acteurs et de curieux va grossir, les grands médias vont suivre timidement le mouvement, pressés par Internet plus en pointe dans cette tendance de fond de l’évolution de la société. Il n’y aura pas de révolution en 2016, mais les vecteurs d’un grand changement irréversible vont se renforcer.
Voilà ma vision pour 2016. Bonne année ! :-)
Didier – Citoyen du Monde
Commentaires