Où en sommes nous ?
Le tableau ci-contre résume un des enjeux majeurs de l’humanité (1). Cette notion d’élévation de T° moyenne à la surface de la terre par rapport à l’ère préindustrielle est très simplificatrice, mais c’est un moyen simple proposé par les scientifiques experts du climat pour nous faire comprendre facilement les enjeux. Leur recommandation était : surtout ne pas dépasser les +2°C pour éviter des impacts graves sur notre environnement et un possible emballement. Or, d’après ces experts, nous sommes actuellement sur une trajectoire de plus de +3°C d’ici la fin du siècle, compte tenu des gaz à effet de serre (GES) que nous continuons de relâcher en trop grande quantité (2). Si nous ne changeons pas cette trajectoire, l’environnement de notre fin de vie d’européen sera moins confortable, celui de nos enfants moins vivable et celui de nos petits-enfants peut-être invivable. La situation étant plus grave dans d’autres régions du monde.
Il est encore possible de changer cette trajectoire, toutefois il est raisonnablement trop tard pour espérer limiter la hausse dans les prochaines décennies à +1,5°C comme souhaité, ni à +2°C, sauf évènement radical. Mais il est encore temps de limiter au maximum l’élévation de température au-delà et d’éviter la catastrophe pour les jeunes et futures générations. Que les personnes qui en doutent encore lisent les visions d’experts (2)(3) ou s’expriment par un commentaire ci-dessous ou par e-mail à mon intention, j’en débattrais avec plaisir.
Mais alors, que faire ?
Que faire ? Voilà près de 30 ans que j’essaie de répondre à cette question et d’agir, ce Blog de 15 ans en témoigne. Aujourd’hui, éclairée par de nombreuses lectures (4), participations à des conférences et expériences personnelles, je propose ci-après une vision globale sur les freins et accélérateurs de la crise climatique et sur comment personnellement contribuer à la lutte contre le dérèglement climatique.
Qui ?
Le challenge est tellement vaste qu’il ne peut être relevé seulement par une minorité d’écolos, les gouvernements et quelques organisations spécialisées. La limitation au maximum des dégâts nécessite le maximum de participants le plus impliqués possible. Notre maison brûle, nous ne pouvons plus regarder ailleurs ! Imaginons que c’est notre cuisine qui a commencé à brûler, que nos enfants dorment encore paisiblement à l’étage et qu’il n’y a pas moyen de sortir de la maison, qu’est-ce que nous faisons ? Si nous sommes des êtres responsables, nous faisons le maximum pour limiter l’incendie et sauver ce qu’on peut, n’est-ce pas ?
A quoi bon ?
« Oui, mais ! A quoi bon agir alors que d’autres ne font rien, alors que les chinois, les américains et d’autres anéantissent tous les efforts que l’on pourrait faire au niveau européen, alors que toute notre société dépend du pétrole et qu’il est illusoire de changer cela à temps, alors que l’on risque de provoquer une décroissance de l’économie qui causerait d’autres dégâts aussi graves, alors que je n’y comprends rien, … ». Les bonnes ou fausses raisons pour se démotiver sont nombreuses.
Je retiens de mes lectures, écoutes et expérimentations que oui le sujet est complexe, mais qu’il y a des solutions ou voies de solutions pour tous les problèmes et que plus de personnes s’y impliqueront, mieux nous et notre descendance jouirons de la vie sur Terre.
Comment faire ?
Le tableau ci-dessous (cliquer dessus pour mieux le visualiser) résume d’une façon simplifiée les freins et accélérateurs de la crise climatique. Nous avons la capacité d’agir directement ou indirectement à chacun des six niveaux présentés.
Chaque individu qui participe à la lutte contre le dérèglement climatique n’a qu’un impact direct négligeable, mais chaque acte en appelle un autre et a une influence sur son entourage qui se cumule avec d’autres influences et amènent un à un les personnes dans la bonne attitude. Ces actions contribuent à la constitution et au soutien de collectifs (groupement de quartier, association, ONG) qui ont un effet plus impactant. Toutes ces actions cumulées pèsent sur les politiques locales et nationales et l’orientation des stratégies des entreprises. Il ne faut pas voir ses actions personnelles uniquement sous l’angle altruiste, cela peut être aussi bénéfique pour nos santés physiques et morales, notre porte-monnaie, notre socialisation, etc …
Mais attention aux effets rebonds : comme par exemple la voiture qu’on utilise plus souvent parce qu’elle consomme moins. Et prenons conscience de nos « dissonances cognitives » qui consistent à préférer chercher une justification à notre comportement en contradiction avec notre engagement écologique plutôt que de le changer. Pas facile de se maîtriser, n’est-ce pas !
Pour cela, je crois à la démarche spirituelle. Pas dans le sens religieux (quoique par exemple le pape François prône l’écologie intégrale dans son encyclique « Laudato si » et le livre TerraFutura), mais dans le sens de se rattacher avec ferveur à l'autre, à la nature ou à une cause. La dimension spirituelle me parait aussi indispensable pour gagner en résilience, ce qui sera très utile pour affronter les conséquences du dérèglement climatique au cas où nos efforts ne suffisent pas à limiter suffisamment leurs impacts sur notre vie. Pour des premiers pas dans cette démarche spirituelle, voir www.voie.net.
Pour agir pour le climat en tant que débutant, voir quelques recommandations dans ce blog : « J’agis pour la préservation de l’environnement ». Pour s’engager encore plus, voir : Les écogestes recommandés par la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme.
Vivre dans notre maison commune et ne pas adapter nos comportements à la crise climatique, revient à être un pyromane !
Actions collectives :
A ce niveau les actions peuvent être très impactantes par l’influence et l’aide auprès des particuliers, par les moyens de pression ou l’aide auprès des collectivités territoriales et potentiellement des pays et des entreprises. Regroupées et bien coordonnées les ONG peuvent avoir de l’influence au niveau international. Nous pouvons leur apporter notre soutien par notre participation à leurs activités, notre soutien financier ou en relayant leur message.
Mes organisations écologistes préférés sont Colibris , Gérès, et Alternatiba et je m’intéresse à Extinction Rebellion. Ces 2 dernières avec leurs actions radicales soulèvent la question « jusqu’où doit-on aller pour remettre en cause le système ? ». Les défilés dans les rues, les nettoyages de plages, la formation à la permaculture ou la compensation de ses émissions de CO2 sont utiles mais ne sont rien par rapport à l’urgence et à l’importance des changements nécessaires du système politique, économique et sociétal à mener … Nous devons être aussi disruptifs !
Actions au niveau des collectivités territoriales :
Dans ce domaine, le résultat des dernières élections régionales et municipales avec un verdissement de tous les programmes politiques et les succès des écologistes démontrent que la prise en compte du challenge climatique et plus globalement écologique est en fort progrès. Voilà un signe très encourageant !
Mais, soyons vigilants et soutenons (ou pesons sur) nos élus locaux par notre pouvoir d’électeur, par notre participation aux activités écologiques locales et nos initiatives.
Actions au niveau du Pays :
Vous rappelez-vous de l’événement sur France Inter du 28 Novembre 2018 à 8h20 : l’annonce surprise par Nicolas Hulot de sa décision de quitter le gouvernement, un an après son arrivée au ministère de la Transition écologique et solidaire ? Ce camouflet à Emmanuel Macron a été à mon avis un révélateur majeur du déni du pouvoir politique national vis-à-vis de la cause écologique et donc climatique et du pouvoir des lobbies. Depuis il y a eu Greta Thunberg (l’adolescente suédoise), la marche du siècle à travers le monde, des incendies monstres en Californie et en Australie, la pandémie COVID 19, les victoires des écologistes aux élections municipales, … pour déboucher le 1er septembre 2020 sur l’annonce par le gouvernement d’un Plan de relance de l’économie de 100 milliards d’euros, dont 30 pour la transition écologique et 35 pour la solidarité.
Donc, à ce niveau aussi, il semble que les choses bougent dans le bon sens. Mais, ces dizaines de milliards ne suffisent pas à rattraper le retard accumulé et la réalité de leur impact écologique reste à démontrer. Donc, soutenons, soyons vigilants et continuons à maintenir la pression par toutes les actions citées précédemment.
Actions à l’échelle de l’Humanité (1) :
Soyons honnête. A ce niveau, le challenge est énorme compte tenu de l’inefficacité de la gouvernance mondiale et des intérêts divergents des nations et nos moyens d’action limités en tant que Citoyen du Monde. Mais tout est encore possible, comme par exemple :
- le rejet des dirigeants climato-sceptiques élus lors des prochaines élections (Trump, Bolsanéro, …) qui ont fait preuve de leurs inepties,
- la montée des contre-pouvoirs des collectivités territoriales (c’est déjà le cas de certains états et villes aux Etats-Unis et au Brésil),
- les régimes autoritaires prenant des mesures écologiques drastiques en réaction aux catastrophes naturelles ou sanitaires (visible déjà en Chine), …
- l’Union Européenne confirmant son intention de relance verte, encore plus fortement qu’annoncée sous la pression des évènements et s’alliant progressivement avec d’autres pays et régions du monde pour mettre en œuvre une politique environnementale mondiale à la hauteur des enjeux,
- la relance de la crise sanitaire mondiale liée à la COVID 19 ou l’apparition d’autres pandémies, ce n’est bien sûr pas souhaitable, mais cela pourrait paralyser l’économie et réduire drastiquement et durablement les émissions de gaz à effet de serre et pourrait remettre en cause radicalement notre système économico social
- l’accumulation de catastrophes liées aux crises écologiques obligeant les dirigeants du monde politique et économique à s’entendre pour remettre en cause là aussi le système économico social sous la pression des populations.
- l’imprévu ...
Donc, continuons les actions à notre niveau pour être prêts le moment venu à accompagner ces potentiels bouleversements. Nous ne pouvons pas maîtriser le feu dans une partie de la maison, mais faisons notre possible jusqu’à ce que les pompiers arrivent.
Actions au niveau des entreprises :
Le besoin d’action à ce niveau est majeur, car les plus grandes sources d’émission de gaz à effet de serre sont dans l’industrie et en premier lieu le secteur de l’énergie.
Nous pouvons agir en tant que client : mobilité douce ; consommation de moins de viande ; alimentation bio et local ; moins d’emballage ; réparer, acheter d’occasion et arrêter de suivre les modes et incitations marketing (dont celles sur les SUV (5)); etc … La progression de l’offre d’alimentation bio est une démonstration de notre pouvoir de consommateur.
Nous pouvons agir en tant qu’électeur pour pousser à des politiques économiques donnant priorité à la préservation de la planète et à la solidarité, soutenant ou mettant la pression sur les entreprises. Les 30 Milliards d’€ du Plan de relance consacrés à la transition écologique en est un résultat encourageant.
Nous pouvons agir en tant qu’employé en donnant l’exemple, en se regroupant et lançant des initiatives pour changer les comportements au sein de son entreprise et pourquoi pas influencer la politique de son employeur pour qu’il agisse en interne et influence ses clients et ses fournisseurs. Ou nous pouvons aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. En tout cas certains futurs employés annoncent la couleur, voir Le manifeste étudiant pour un réveil écologique.
Nous pouvons agir en tant que travailleur indépendant ou dirigeant d’entreprise en montrant l’exemple, en osant afficher ses convictions auprès de ses partenaires et poser des conditions pour travailler avec eux. Voir un exemple dans un article sur LinkedIn.
Nous pouvons agir en tant qu’épargnant et actionnaire, en choisissant judicieusement sa banque (je vous recommande La Nef) et, si nous en avons les moyens, en choisissant judicieusement nos placements (je vous recommande Finansol, Time for the Planet, ou à minima des fonds labélisés ISR et ESG).
Conclusion :
Cet article est consacré à la crise climatique, mais on pourrait faire le même type d’alerte et de recommandations sur la chute de la biodiversité, les pollutions diverses, les problèmes d’accès à l’eau, l’épuisement des ressources, etc … crises qui s’alimentent une l’autre, mais pour lesquelles des solutions pour les limiter, parfois communes, sont à notre disposition.
A chacun d’entre nous de prendre nos responsabilités ! Imaginez … que restera-t-il de la maison que nous léguerons à nos enfants et nos petits-enfants et qu’aurons nous fait pour la préserver ?
Pour une sensibilisation à la crise climatique en image, voir « Il est encore temps ! »
Pour participer à une opération de sensibilisation, à la crise climatique sous forme ludique inscrivez-vous à : La Fresque du Climat
Didier – Citoyen du Monde et animateur de la Fresque du Climat
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(1) : L'humanité est apparue sur terre il y a quelques millions d’années. Elle a commencé à se « civiliser » il y a 5000 ans. Elle a débuté la destruction d’une façon significative de son environnement, par ignorance et cupidité, il y a environ 150 ans. Maintenant elle est bien informée du danger, mais continue d’accélérer cette destruction. Si nous n’arrêtons pas cette course en avant, les scientifiques prédisent une prochaine disparition de cette civilisation.
(2) : Le changement climatique ne s’est pas arrêté avec la COVID-19, selon l’Organisation Météorologique Mondiale. Voir article.
(3) : Vision d’expert : https://jancovici.com/
(4) : Ma dernière lecture à ce sujet : « Deux degrés, les sociétés face aux changements climatiques » de Edwen Zaccai, édité par SciencesPro Les Presses, bon panorama du sujet et accessible.
(5) : Cette article du Guardian (en anglais) Les SUV sont la 2ème source d’émission de G.E.S. au monde fait certes référence aux SUV américains plus pollueurs que ceux fabriqués en Europe, mais un SUV reste largement plus émetteur de CO2 qu’une citadine ou une berline, à génération égale et pour une service rendu la plus part du temps équivalent.
Merci Didier pour cet article synthétique (au bon sens du terme ;). Avec des liens que je découvre. Convaincu et actif pour la cause depuis plus de 30 ans. Ce rappel à la mobilisation fait toujours du bien et redonne du courage pour le combat .
Rédigé par : Gilles D | 13/09/2020 à 17:49